Quand on débute en vidéo, on est souvent fasciné par le cadrage, le mouvement de caméra, les effets de flou ou la mise en scène. Mais il existe un paramètre plus discret, parfois négligé, qui peut transformer une image banale en une scène professionnelle : la température de couleur. Apprendre à la maîtriser, c’est aussi apprendre à faire les bons choix esthétiques et techniques dès le tournage. Et cela passe inévitablement par une bonne gestion de la balance des blancs.
Dans cet article, nous allons plonger au cœur de ces notions fondamentales. Vous apprendrez à reconnaître les différentes températures de lumière, à comprendre comment elles influencent vos images, et surtout à régler votre caméra pour que votre balance des blancs soit juste — ou créative, quand vous le souhaitez.
La balance des blancs où comment uniformiser les couleurs
La balance des blancs en vidéo fait référence à l’ajustement des niveaux de couleur dans une scène. La teinte de l’image se modifie selon la température de couleur de la lumière ambiante du lieux. Comme son nom l’indique, elle se règle par rapport à ce qui devrait être blanc dans l’image. Une balance des blancs correcte assure la cohérence visuelle entre les différentes prises de vue. Cela garantit que les couleurs restent fidèles à la réalité.
L’influence de la lumière ambiante sur la balance des blancs
La lumière, bien que souvent perçue comme blanche par notre œil, possède en réalité une teinte, ou plutôt une « température » mesurée en degré Kelvin (K). Cette température de couleur ne reflète pas la chaleur au toucher, mais la teinte de la lumière émise.
Une bougie, par exemple, produit une lumière très chaude, autour de 1800K : elle tire vers l’orangé, presque rouge. Un ciel couvert en revanche produit une lumière beaucoup plus froide, souvent entre 6000K et 7500K, tirant vers le bleu. L’œil humain s’adapte très bien à ces variations, si bien qu’on ne les remarque pas toujours… jusqu’à ce qu’on voie les images captées par une caméra mal réglée.
La lumière du jour varie d’intensité et de couleur selon l’heure de la journée et les conditions météorologiques. Cette variation implique des changements de température de couleur .Il ne vous sera pas nécessaire de connaître les températures de couleur en chiffre pour pouvoir la maîtriser ! Par contre, distinguer les différentes températures et leur influence sur l’image reste une connaissance technique indispensable
Balance des blancs : de quoi parle-t-on
La balance des blancs, c’est la manière dont votre caméra interprète la lumière pour restituer les couleurs telles qu’elles sont censées être. En théorie, une feuille blanche doit apparaître blanche dans votre image, quelle que soit la source lumineuse. Mais pour cela, votre caméra doit « compenser » la teinte dominante de la lumière ambiante.
Imaginez une scène éclairée à la bougie. Sans correction, toute votre image sera orangée. Si vous réglez correctement la balance des blancs, la caméra comprendra que cette lumière est chaude et corrigera automatiquement l’image en y ajoutant une teinte bleutée pour neutraliser l’excès d’orange.
Ce réglage est donc essentiel pour obtenir des couleurs fidèles et constantes d’un plan à l’autre. Il est aussi un levier créatif : on peut volontairement déséquilibrer la balance des blancs pour renforcer une ambiance, créer un effet de chaleur ou de froid, ou encore dramatiser une scène.
Ton neutre, ton chaud, ton froid.
La balance des blancs est un outil puissant pour accentuer l’émotion d’une scène. Il est possible de la régler en fonction de l’effet recherché. Le ton neutre s’obtient à partir d’une lumière blanche classique. Elle correspondant à celle du soleil à son zénith. Mesurée à plus ou moins 5500 K, cette température donne une esthétique réaliste à vos vidéos puisqu’elle reproduit fidèlement les couleurs naturelles. Si l’intention est de créer une ambiance chaleureuse ou une atmosphère positive, les tons chauds conviennent parfaitement ( jaune, orange , rouge). Ils se mesurent à plus ou moins 3200 K et correspondent au lever ou coucher du soleil. Pour finir, les tons froids (bleu) vont contribuer à créer une atmosphère mystérieuse ou calme selon la scène. Ils se mesurent à plus ou moins 8000 k. Il s’agira donc de préciser l’intention recherchée lorsque vous réglerez la balance des blancs lors de la prise de vue.

Comment régler la balance des blancs ?
A l’inverse de notre cerveau humain, les caméras d’elles-mêmes ne peuvent pas distinguer ce qui est blanc dans le cadre. Il est vrai qu’elles possèdent la fonction balance des blancs automatiques ou encore des préréglages selon un tournage à lumière naturelle, sous nuages, en lumière intérieure etc… Je vous explique comment vous en passer dans ce paragraphe en choisissant le meilleur process Comme elles n’y arrivent pas seules, il faut l’aider à interpréter ce fameux blancs.
L’objet qui accompagnera automatiquement tout bon producteur de vidéo sur un lieu de tournage sera une grande feuille blanche. Un carton blanc fonctionne aussi. Il s’agit de placer la feuille blanche au milieu du décor, là où se reflète la lumière ambiante. De prendre la feuille blanche comme référence en activant l’option manuelle du réglage de la balance des blancs de votre caméra et d’appuyer sur le bouton pour valider cette référence. Il n’est pas forcément nécessaire de zoomer pour que la feuille prenne tout le cadre pour régler cette balance. La teinte à l’écran se modifiera plus ou moins selon la dernière référence enregistrée par rapport à lumière ambiante précédente. Je tiens à préciser que nous sommes dans la situation où la lumière ambiante est uniforme soit chaude, soit neutre, soit froide et qu’il n’y ait pas deux sources de différente température qui s’affichent à l’écran. Cette particularité sera abordée dans un autre article.
En pratique sur un appareil hybride




Sur le terrain, vous vous rendrez compte des changements de température sur votre écran lorsque vous changerez de lieu extérieur-intérieur. Concrètement, si vous avez filmé en extérieur avec la balance des blancs réglée selon la lumière du jour et que vous passez en tournage intérieur, votre écran affichera une image « jaune ». Et inversement, si vous passez de l’intérieur à l’extérieur votre image qui affichait des blancs naturels sera « bleue ».
Pourquoi la balance automatique n’est pas toujours votre alliée
Beaucoup de caméras modernes sont équipées d’une balance des blancs automatique (AWB – Auto White Balance), capable de s’adapter à différentes conditions lumineuses. C’est pratique, surtout lorsqu’on filme des scènes rapidement ou dans des environnements mixtes si votre sujet passe d’un intérieur à un extérieur.
Mais cette fonction a ses limites. Elle analyse la scène en temps réel et tente de déduire ce qu’elle pense être un blanc neutre. Si vous filmez une scène très colorée (un coucher de soleil, une pièce rouge, une boîte de nuit bleutée), l’AWB peut se tromper et chercher à « corriger » une ambiance que vous souhaitiez justement conserver. Elle risque aussi de varier d’un plan à l’autre, même si les conditions lumineuses ne changent pas, rendant vos images incohérentes au montage.
Les caméras offrent également de pouvoir choisir entre différentes balances de blancs prédéfinies pour des conditions d’éclairage courantes, tels que la lumière du jour, l’ombre, ou les sources artificielles. A vous de les tester pour mieux comprendre comment tel ou tel réglage influence votre image. Les boîtiers proposent également de pouvoir enregistrer plusieurs balances des blancs réglées par vos soins et ensuite de switcher de l’une à l’autre si vous devez passer rapidement d’un lieu de tournage à un autre
Température de couleur et sources mixtes : un vrai casse-tête
La gestion de la température de couleur devient particulièrement délicate lorsqu’on mélange plusieurs types de lumières. Imaginez une pièce éclairée par des ampoules source lumineuse chaude, mais dont la fenêtre laisse entrer une lumière du jour froide. Votre caméra devra choisir entre compenser l’une ou l’autre de ces sources. Il est souvent impossible de satisfaire toutes les zones de l’image en même temps.
La solution peut venir de la préparation du tournage. Si vous avez le contrôle de l’éclairage, privilégiez des sources de même température (tout en lumière du jour, ou tout en éclairage de même teinte, par exemple). Sinon, utilisez des gélatines de correction pour harmoniser vos sources, ou installez des rideaux pour limiter l’entrée de lumière naturelle.
Si vous êtes obligé de travailler avec des sources mixtes, sachez qu’il est parfois préférable d’assumer ces différences plutôt que de chercher à les gommer. Une teinte froide en arrière-plan peut accentuer la profondeur d’une scène, tandis qu’une lumière chaude sur un sujet peut renforcer sa présence. L’important, c’est la cohérence esthétique, pas l’uniformité à tout prix !
En post-production
Les logiciels de montage vidéo possèdent des outils d’étalonnage qui permettent d’ajuster la température de couleur lors de la post-production au point que beaucoup considèrent qu’il faille une image la plus neutre possible en tournage pour avoir une flexibilité maximale d’affinage des couleurs. Sous adobe premier pro, l’outil s’appelle couleur lumetri. Vous pouvez même préciser au logiciel ce qui est blanc dans l’image avec la pipette.

Etalonnage vs balance des blancs : deux moments, deux fonctions
Il est tentant de se dire qu’on pourra « corriger ça en post-prod ». Il est vrai que les logiciels de montage et d’étalonnage permettent d’ajuster les teintes et les couleurs a posteriori. Mais attention : si votre balance des blancs est trop éloignée de la réalité dès le tournage, la qualité d’image s’en ressentira. Les fichiers très déséquilibrés risquent de contenir du bruit coloré, des artefacts ou des teintes difficiles à corriger avec une perte de qualité.
La balance des blancs, c’est donc une étape de tournage. Elle vise à capturer une image propre et équilibrée. L’étalonnage intervient ensuite pour styliser, harmoniser ou affiner le rendu en fonction de l’intention artistique. C’est en combinant ces deux étapes que l’on obtient un rendu vraiment professionnel.
Apprenez à regarder la lumière
La température de couleur et la balance des blancs ne sont pas de simples réglages techniques : ce sont des éléments de langage visuel à part entière. En apprenant à reconnaître la teinte des lumières qui vous entourent, en comprenant comment votre caméra les interprète et en sachant les corriger ou les détourner, vous vous donnez les moyens de produire des images cohérentes, esthétiques et expressives.
Que vous soyez en pleine nature, dans un intérieur tamisé ou sous les projecteurs d’un plateau, la bonne balance des blancs est ce qui ancrera vos images dans une réalité crédible ou une ambiance précise. Ce n’est pas seulement une affaire de réalisme, c’est une question de regard.
Prenez donc le temps d’observer la lumière. Testez, comparez, et corrigez. Et surtout : pratiquez un maximum pour créer des automatismes techniques pour que vos vidéos aient un rendu encore plus marquant!
Cliquez ici découvrir l’article consacré à l’exposition de l’image en vidéo : https://comprendreetmaitriserlavideo.com/brouillon-auto-exposition-image-video/