Filmer est capturer un moment donné dans un décor donné. Pour donner vie à une séquence, il est primordiale de varier le cadre ou plus communément la valeur des plans. C’est la grammaire inventée par le cinéma. Ces plans influencent considérablement le ressenti du spectateur. Ils l’informent sur les lieux, les personnages ou encore l’action. Le réalisateur les utilise pour présenter visuellement ses intentions. Connaître et varier les valeurs de plan dans une séquence permettent de lui donner un bon équilibre visuelle, gardant l’attention du spectateur du début jusqu’à la fin.
C’est quoi la valeur d’un plan ?
La « valeur de plan » correspond à la taille du sujet à l’écran. Elle dépend de la distance entre la caméra et le sujet filmé.
Pour présenter les différentes valeurs de cadrage, je commencerai par les plans les plus larges pour resserrer ensuite le cadre. Chacun d’eux sera illustré à l’aide d’images issues de mon documentaire que j’ai réalisé sur la Thaïlande intitulé » Au plus profond de la Thaïlande ».
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Le plan général (PG)
Le plan général (PG) montre un vaste cadre, généralement un grand paysage, une foule, un bâtiment, ou tout autre élément qui situe l’action dans un contexte large. Ce type de plan introduit un lieu d’une scène ou fournit au spectateur une perspective globale de l’environnement dans lequel évoluent les personnages.

C’est une vue d’ensemble, permettant aux spectateurs de comprendre le contexte spatial de la scène. Il est souvent utilisé au début d’une séquence pour ensuite laisser place au plan général.
Le plan d’ensemble
Le plan d’ensemble est le cadre qui se situe entre le plan général et le plan moyen en termes de proximité au sujet filmé. Ce plan se concentre sur une partie spécifique du lieu ou de l’action tout en offrant encore une vue d’ensemble. Il donne une idée plus détaillée du contexte tout en conservant une vision assez large de la scène. Il permet d’introduire les personnages qui vont agir dans la séquence ou des éléments significatifs d’un environnement qui vont avoir un impact sur eux.

Le plan moyen
Un plan moyen (PM) appelé aussi « plan pied » montre un cadre plus restreint que le plan général, se concentrant principalement sur le corps entier d’un ou plusieurs personnages. Dans un plan moyen, on voit généralement le personnage de la tête aux pieds, permettant au spectateur d’observer les actions et les interactions de manière plus détaillée par rapport au plan général.

Le plan moyen établit la relation entre les personnages. Il dépeint des situations qui exigent une vue plus détaillée tout en maintenant une certaine distance. Il peut être utilisé dans divers contextes: dialogues ,déplacements, ou moment où les actions du personnage sont importantes pour l’intrigue.
Le plan américain
Un plan américain (PA) est un type de plan au cinéma qui encadre un personnage depuis les genoux ou les cuisses jusqu’à la tête. Il tire de son utilisation fréquente des réalisateurs américains lorsqu’ils tournaient les westerns. Les pistolets devaient être visibles.

Ce plan montre l’action d’un personnage tout en permettant au spectateur de voir son expression faciale. Il se situe entre un plan moyen (qui cadrerait le personnage de la tête aux pieds) et un plan rapproché (qui se concentrerait davantage sur le visage). Il a pour fonction également de montrer des éléments spécifiques de l’habillement d’un personnage qui sont pertinents pour l’intrigue.
Le plan rapproché
Un plan rapproché (PR) se concentre généralement sur le visage ou une partie spécifique du corps d’un personnage. Ce type de plan permet au spectateur d’observer de près les expressions faciales, les émotions ce qui le rend particulièrement efficace pour capturer l’intimité et l’intensité émotionnelle d’une scène. Grâce lui, le réalisateur peut créer une connexion plus intime entre le spectateur et le personnage, renforçant ainsi l’impact émotionnel.

Le plan rapproché permet aussi d’isoler un personnage ou un élément spécifique. Il focalise ainsi l’attention du spectateur sur ce qui est le plus important à ce moment-là du récit.
Le gros plan.
Un gros plan serre davantage le cadre. Il se concentre sur une partie spécifique du visage ou du corps d’un personnage, souvent limité à un seul détail, comme les yeux, la bouche ou les mains. Ce type de plan intensifie l’impact émotionnel d’une scène en se focalisant sur les expressions, les gestes. Il peut également porter l’attention du spectateur sur un objet bien précis qui aura une importance dans l’intrigue.

Le plan subjectif
Un plan subjectif tente de reproduire le point de vue d’un personnage ou d’une entité au sein de l’histoire. En d’autres termes, il permet aux spectateurs de voir la scène à travers les yeux du personnage, comme s’ils étaient dans la même position.

Lorsqu’un réalisateur utilise ce genre de plan, la caméra peut être placée à la hauteur des yeux du personnage. Les mouvements de la caméra peuvent simuler les mouvements de la tête ou du regard du personnage. Cela crée une immersion plus profonde dans l’expérience du personnage et ses émotions. Il donne au public un accès exclusif aux informations que seuls certains personnages connaissent.
Le plan en contre-plongée
Un plan en contre-plongée se caractérise par une caméra positionnée en dessous du sujet, pointant vers le haut. Cela crée une perspective ascendante, donnant l’impression que le sujet est plus grand, plus puissant ou plus dominant. Ce genre de cadre donne de la puissance au personnage lui conférant un sentiment d’autorité ou d’intimidation ou de force et de détermination.

Le terme « contre-plongée » fait référence au fait que la caméra est dirigée en contre-sens par rapport à la direction naturelle du regard.
Le plan en plongée
Un plan en plongée se traduit par la caméra positionnée en hauteur par rapport au sujet, pointant vers le bas. Cela crée une perspective descendante, donnant souvent l’impression que le sujet est plus petit, plus vulnérable, ou moins important.
L’utilisation de ce plan crée une atmosphère d’impuissance, de vulnérabilité, ou à pour but de diminuer le statut d’un personnage ou d’un objet. Il peut accentuer sa position de faiblesse ou sa situation difficile. Le terme « plongée » fait référence au fait que la caméra « plongée » du haut vers le bas.

Pourquoi varier les valeurs de plan
Créer du rythme visuel
Une séquence entière filmée dans une même valeur de plan paraîtra vite monotone. Le spectateur a besoin de mouvement visuel pour rester concentré. En variant les plans, on crée un rythme qui capte l’attention.
Par exemple, dans une interview, alterner entre un plan large, un plan moyen sur l’interviewé, et quelques gros plans sur les mains ou le visage renforce l’engagement du spectateur.
Mettre en valeur les émotions
Le gros plan est idéal pour montrer une émotion. Une larme, un sourire, une moue dubitative… tous ces signes faibles seraient invisibles dans un plan large. En se rapprochant du sujet, on invite le spectateur à se connecter à lui.
Inversement, un plan large peut illustrer la solitude d’un personnage, ou sa place dans un univers plus vaste.
Diriger le regard du spectateur
Le changement de plan permet de guider le regard vers ce qui est important. Si un personnage regarde un objet, on peut enchaîner avec un gros plan sur cet objet : c’est le fameux « cut de regard ». Cette technique de base repose justement sur la variation des valeurs de plan.
Donner du sens narratif
Chaque valeur de plan raconte quelque chose. Un plan rapproché peut symboliser la proximité, la connivence. Un plan très large peut montrer une menace ou une perte de repères. En jouant avec ces codes, le réalisateur ajoute des couches de sens à sa narration.
Traduire les rapports de force
La combinaison des valeurs de plan et des angles de prise de vue permet aussi de traduire un rapport de force entre deux personnages. Un personnage filmé en contre-plongée apparaît plus dominant ; l’inverse en plongée peut le rendre vulnérable. Mais la valeur de plan joue aussi : un gros plan sur un visage impassible peut être plus menaçant qu’un plan large d’un personnage gesticulant.
Quelques idées de l’utilisation de différentes valeurs de plan selon l’intention
Tourner chaque scène avec plusieurs cadrages
Lorsque vous filmez une interview ou une scène narrative, prévoyez toujours plusieurs valeurs de plan :
- Un plan large pour poser le contexte
- Un plan moyen pour les réactions
- Des gros plans pour les émotions ou les détails
Cela vous donnera de la matière au montage pour rythmer la vidéo.
Utiliser les cut de regard et les insertions
Si un personnage regarde quelque chose, filmez aussi ce qu’il regarde, de préférence en gros plan. Ce simple enchaînement renforce la cohérence visuelle.
De même, n’hésitez pas à insérer des plans de mains, d’objets, de détails pour enrichir la narration.
Jouer avec les échelles pour créer des effets
Un passage soudain du plan large au gros plan peut créer un choc, souligner un événement, ou créer de la tension. À l’inverse, un zoom lent du gros plan au plan large peut créer un effet de recul ou de prise de conscience
L’importance de cette grammaire
Vous aurez compris que chaque plan doit être compris pour être utilisé selon une intention bien précise. Cette grammaire visuelle est un outil puissant que tout bon réalisateur se doit de connaître et d’employer judicieusement. C’est la clé qui influencera le spectateur sur ce qui se déroule sous ses yeux ! Vous maintiendrez le spectateur éveillé en variant vos cadres sans pour autant vous forcer à utiliser toutes les variations possibles. Il faut rester cohérent ! Depuis les débuts du cinéma jusqu’à la création de contenus modernes, cette technique a évolué, mais elle reste au cœur de toute narration audiovisuelle efficace.
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